En une année à Chartres, MgrPhilippe Christory, l’évêque de Chartres a déjà eu le temps de bien prendre le pouls du département. Il livre quelques impressions.
Mgr Philippe Christory, successeur de MgrMichel Pansard, dans le diocèse de Chartres,a fêté son premier anniversaire d’évêque et de vie dans le diocèse de Chartres. Un changement qu’il semble vivre avec beaucoup de plaisir, lui qui était jusqu’alors curé de l’importanteparoisse de la Sainte-Trinité, àParis.
Le premier anniversaire de votre ordination en tant qu’évêque intervient le jour où la cathédrale Notre-Dame de Paris a brûlé…
Cet événement arrivé le soir même marquera, je pense, chaque anniversaire. Il n’empêche que je suis heureux de célébrer une première année de présence en Eure-et-Loir, aux côtés des Chartrains et de tous les habitants de ce département que j’ai rencontrés en maintes occasions déjà, puisque je fais des visites pastorales qui durent quatre jours. J’en ai une à Anet à la fin du mois. J’y rencontre des gens d’Église, mais aussi des écoles, des gens âgés dans des Ehpad, des chefs d’entreprises, des agriculteurs, des gens de la société civile, notamment des élus. Ils m’accueillent toujours avec beaucoup de sympathie et ils sont nombreux à venir. C’est très enrichissant de rencontrer tous ces gens.
Certaines personnes en grande précarité ont des talents. Et quand ils trouvent une place pour se donner, ils sont épanouis.
Vous avez récemment écrit aux catholiques du diocèse en leur disant notamment que vous vous sentiez bien à Chartres et que c’était devenu votre ville…
Oui, je ne pense plus à Paris et j’y retourne assez peu, hormis pour des raisons de travail, de rencontres notamment d’évêques et de l’Église, mais je n’ai aucun besoin de retourner à Paris. Je suis content d’être en Eure-et-Loir et je m’y sens chez moi.
À votre arrivée, on pouvait déceler une petite appréhension de quitter la capitale, votre ville d’adoption...
Paris est une ville unique au monde assez fascinante, avec une proposition culturelle assez large, ce que j’aime. Mais je trouve qu’à Chartres, il y a un autre climat, c’est beau. Il y a des projets. La ville évolue.
Qu’est-ce qui vous a marqué le plus, en découvrant le diocèse de Chartres dans sa diversité ?
D’abord la ruralité qui n’est pas qu’un monde agricole. Il y a finalement peu d’agriculteurs par rapport au reste de la population qui y vit. J’expérimente un accueil qui est heureux même si j’ai conscience que je bénéficie d’un statut particulier comme évêque qui m’ouvre beaucoup de portes et la possibilité de rencontres profondes avec les gens. Ça me permet d’appréhender un peu les situations humaines, qui sont parfois pauvres. J’ai visité le Foyer d’accueil chartrain, le Bercail, où l’on accueille des femmes avec enfants en détresse. Je vais aussi à la prison de Châteaudun célébrer la liturgie. J’ai rencontré aussi des personnes des Compagnons du partage, à Lucé, certains en grande précarité mais qui ont des talents. Et quand ils trouvent une place pour se donner, ils sont épanouis.
Cela fait donc un an que vous êtes à Chartres, mais surtout un an que vous êtes évêque.Cette mission dans l’Église correspond-elle à ce que vous imaginiez ?
J’ai eu la chance de côtoyer plusieurs évêques dans un ministère précédent de prêtre. J’ai des amis évêque depuis longtemps. Des séminaristes avec qui j’ai fait le séminaire à Rome sont aussi évêque. J’avais des échos de leur ministère. On m’avait averti que la grosse part de ce ministère était la proximité, l’accompagnement des prêtres d’un diocèse. C’est important. Les prêtres donnent beaucoup. Ils sont en relation avec les laïcs. J’ai souhaité mettre en place une équipe pour me conseiller dans un conseil épiscopal où sont rentrés cinq laïcs qui connaissent bien le terrain.
Retour en images sur l'ordination de Mgr Philippe Christory
Vous avez annoncé mardi, lors de la messe chrismale, des mouvements de prêtres dans le diocèse. À quoi répondent-ils ?
Il faut se demander où tel prêtre sera heureux d’exercer son ministère, où peut-il déployer ses propres talents, et comment les communautés chrétiennes doivent être accompagnées pour s’épanouir. Il y a de jeunes prêtres qui vont commencer un ministère de curé de paroisse. J’ai proposé un accompagnement personnel de deuxans pour qu’ils ne démarrent pas seuls. La dimension d’équipe et de transversalité me plaît bien.
Beaucoup de chrétiens ou de gens proches de l’Église souhaitent que leurs enfants reçoivent une éducation chrétienne.
Une démarche synodale a été entamée par votre prédécesseur, MgrPansard, nommé depuis évêque de d’Évry-Corbeil-Essonnes, et se termine actuellement. Qu’est-ce que cette démarche ?
Il s’agit d’un mouvement créé pour que le plus en gens possible puissent réfléchir et partager sur les attentes spirituelles, mais aussi sur les enjeux qui se présentent à l’Église, eu égard aux situations sociales et de vie des gens autour d’eux qui évoluent. L’Église doit être présente de manière renouvelée aussi bien par la vie des sacrements, des célébrations que par la proximité caritative. Nous avons créé 140 équipes de huit à dix personnes dans le département qui se sont rencontrées, qui ont travaillé sur la base de questionnaires. Un bilan a été réalisé et sera présenté sous forme de fiches de propositions pratiques.
Quels sont les principaux constats qui en ressortent ?
La proximité avec la jeunesse doit trouver des chemins nouveaux. Les jeunes sont pleins de talents et de désirs, mais on a à la fois une jeunesse inquiète notamment pour son travail. Il y a aussi un enjeu important sur les personnes âgées et leur précarité de vie. On a un enjeu de catéchèse important. Beaucoup de chrétiens ou de gens proches de l’Église souhaitent que leurs enfants reçoivent une éducation chrétienne, mais la vie des personnes est complexe aujourd’hui: beaucoup d’activités mais aussi beaucoup d’éclatements de cette vie, notamment dus malheureusem*nt aux séparations des couples. Il faut trouver des formes de catéchèse permettant une grande souplesse pour que chacun puisse en bénéficier. Il y a aussi, dans cette démarche synodale, le constat d’un très grand désir de vie spirituelle aujourd’hui. Même des personnes qui ne sont pas chrétiennes cherchent du sens dans une dimension spirituelle, parfois assez irrationnelle.
François Feuilleux
Les premières phrases fortes de Mgr Christory, nouvel évêque de Chartres