À l’heure des fêtes de Noël, l’évêque de Chartres, Mgr Philippe Christory, revient sur les temps forts de cette année 2023 et apporte son éclairage sur l’actualité.
Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne (Portugal), visite du Pape François au stade Vélodrome, à Marseille… Cette année encore, les temps forts de l’Église catholique ont été nombreux. L’évêque de Chartres, Mgr Philippe Christory, revient sur l’année 2023 et se projette sur les prochains grands défis et rendez-vous de 2024.
L'interview de Mgr Philippe Christory, l'évêque de Chartres : "Je suis sans illusion sur la fragilité de l'être humain"
Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler ?
J’ai plutôt un bon sentiment au terme de cette année 2023, il faut dire qu’on a eu des beaux moments de reprise après les années Covid. Je pense par exemple à l’augmentation significative des catéchumènes, puisque cette année en France, à Pâques, on comptabilise 28% de baptêmes en plus par rapport à 2022. Il y a aussi eu les Journées mondiales de la jeunesse, à Lisbonne, où sont partis environ 170 jeunes du diocèse de Chartres, c’est un très bon chiffre. Et évidemment, la venue du Pape François au stade Vélodrome, à Marseille.
"Cela a été un moment de grande paix et de communion avec l’Église qui a été vu comme un cadeau, aussi bien par les gens à Marseille que dans toute la France. C’était un grand moment."
De nombreux événements arrivent aussi, l’année prochaine et en 2025…
L’année 2023 nous projette en avant, vers plein de grandes choses. À commencer par le jubilé des 1.000ans de la cathédrale de Chartres, qui commencera le 7septembre 2024 et que l’on commence déjà à préparer. On aura aussi le grand jubilé de l’Église catholique, en 2025, que l’on prépare aussi dès maintenant, avec un projet de pèlerinage à Rome. Ce sont des choses positives qui nous motivent énormément.
L’actualité est beaucoup moins positive au Proche-Orient, ces derniers mois… Comment analysez-vous le conflit entre Israël et le Hamas ?
Ce qui se déroule là-bas, actuellement, est très dur. Tout acte de violence est un échec, un signe de faiblesse. Je dis toujours que quand un chien a peur, c’est là qu’il mord. Je pense que notre monde a les moyens de créer les conditions d’une paix pour tous et si on mettait en commun nos talents, quels qu’ils soient, ce serait extraordinaire: on aurait et on a les moyens de faire tellement mieux.
L’évêque de Chartres, Mgr Philippe Christory, adresse son message pour les fêtes de Noël : "L’espérance est un acte très humain"
Mais quand on parle de guerre, je pense aussi à la situation en Arménie, au Soudan, en Ukraine… C’est aberrant de voir que des gens qui ont à la fois l’argent, le pouvoir et la force militaire, s’octroient le droit d’en user contre les autres. La guerre a pour unique conséquence de faire souffrir les gens, notamment les plus pauvres, contredit tous les projets d’écologie… Pourtant, la joie de l’être humain, je pense, se trouve dans la relation avec les autres. Pas dans le conflit.
Un message de fraternité, de collaboration, de respect mutuel.
Cela fait partie du message que vous comptez adresser aux fidèles le jour de Noël ?
Bien sûr, parce que le message de Noël est un doux message de paix, de famille. J’essaierai de parler de tout cela lors de ma visite à la prison de Châteaudun, le 24décembre, pour célébrer la messe de Noël avec les détenus. Je veux adresser un message de fraternité, de communication, de collaboration et de respect mutuel, parce que je crois intimement que c’est le bon chemin et pas un autre. S’il n’y a pas d’amour, on ne s’en sortira pas et l’amour, c’est vrai que l’Église en parle beaucoup.
"Cela donne peut-être l’impression d’être un peu naïf, mais je préfère être naïf en pensant qu’il faut s’aimer, plutôt que défendre l’idée que la violence peut régler les problèmes de notre société."
Quels sont les grands défis auxquels l’Église va être confrontée dans les mois à venir ?
Deux grandes questions, en rapport avec le respect de la vie, nous font réagir ces derniers mois et continueront à le faire dans les prochains. L’inscription dans la Constitution de la liberté des femmes à avoir recours à l’avortement et la loi sur la fin de vie. L’Église défend l’idée que la vie est intouchable.
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Cela me paraît inutile d’inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, d’autant plus qu’on banalise la chose, alors que ce n’est jamais banal. En ce qui concerne l’euthanasie, je pense que nous sommes là pour aider et accompagner la vie dans sa souffrance, pas pour l’éliminer…
Propos recueillis par Laura Alliche